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Un fils Asperger

25 septembre 2016

Mensonge, Empathie - des clichés ???

empathie

Mensonge et Empathie – des clichés ??

 

On dit des Aspergers qu’ils ne savent pas mentir.

Je ne peux en aucun cas parler pour TOUS les Aspergers, évidemment, mais ce sujet revient REGULIEREMENT !

Alors, j’ai mis de côté mes convictions personnelles et je me suis interrogée sur mes propres expériences de façon aussi neutre que possible : je connais, depuis de nombreuses années, trois Aspergers suffisamment bien pour pouvoir me prononcer avec certitude sur leur cas – deux adultes et mon fils – je parlerai donc de cette petite expérience, un petit lot sorti d’une grande masse.

Ce petit lot, tiré au hasard de la vie, ne sait effectivement pas mentir.

Ce n’est pour autant une règle que j’en déduis, il y a certainement des exceptions, mais trois sur trois, c’est tout de même un hasard extraordinaire ! 

Prenons mon fils, c’est le plus flagrant :

Mon fils est jeune, il l’apprendra peut-être un tout petit peu, je l’espère pour lui, au moins parfois, un petit mensonge pour ne pas blesser quelqu’un par exemple. Comme cela est encore arrivé aujourd’hui… un moment gênant.

Donc, pour l’instant il est totalement incapable du moindre mensonge. 

Au point que cela me  pose un problème à moi, non seulement dans les moments de gêne mais aussi, par exemple, dans l’éducation de son jeune frère.

Il est exact qu’avec mon aîné, qui est donc un Asperger, auquel j’ai logiquement tout adapté, ma façon de l’élever, de lui parler, d’être, je n’ai JAMAIS menti. Jamais. Même pas pour les choses les plus difficiles, parce qu’il ne me le pardonnerais jamais. Le seul et unique mensonge était celui du père Noël et je l’ai avoué et assumé en lui expliquant de mon possible pourquoi je l’avais fait. C’est la seule et unique fois que je ne lui ai pas dit la vérité. 

Mon petit NT par contre, c’est autre chose. Là, parfois je lui sors les petits mensonges du quotidien - « si tu fais cela, attention, telle chose risque d’arriver », ou le classique « si tu ne viens pas maintenant, je m’en vais et je te laisses ici »….. en tout cas j’essaie de le faire…. Impossible quand son grand frère est là puisqu’il va lui dire « mais non, on reste là, je ne m’en vais pas, je t’attends ». J’ai beau lui expliquer que cela fait partie de l’éducation, le petit doit vraiment croire que je m’en vais, il doit venir, lui, rien n’y fait. Quand le grand est là je ne peux pas sortir le moindre mini-mensonge, il me corrige.

Bref, peu importe la situation, mon aîné ne sait pas mentir. Donc, au mieux j’obtiens de lui qu’il ne dise rien…..

Quant aux deux adultes de ma connaissance, c’est exactement la même chose. Mais c’est plus évolué. Je pense qu’ils ne voient pas l’intérêt de mentir, puisque ce n’est pas nécessaire. Ils ne le font pas. Ils ont tous les deux bon cœur, ne voient jamais le mal, jamais, même si en théorie ils se préparent au quotidien à l’affronter.

Ils sont « bons », leur cœur est « bon », si on veut.

Du coup, les mensonges ne font pas partie de leur vie. En sont-ils incapables ou ne voient-ils pas pourquoi le faire ? Je ne le sais pas.

Le revers de cette médaille bien dorée est qu’ils sont très directs.

Ils vont dire en deux mots, clairement, où ils en sont.  La diplomatie ne fait pas nécessairement partie de leur façon d’être.

Ils ne vont pas enjoliver les choses, pas tourner autour du pot, en deux mots ils vous diront ce qu’ils pensent, ce qu’ils feront, ce qu’ils ont en tête.

En même temps, j’admets que, personnellement, je préfère cela à quelqu’un qui parle et parle et parle au point qu’on oublie le sujet de la conversation, noyée sous des informations sans intérêt.

 

Donc, en prenant mon petit échantillon, le constat est clair : l’Asperger ne sait pas mentir et ne le souhaite pas.

Il est souvent très direct dans ce qu’il a à dire. Même s'il tente d'adoucir ses propos parce qu'il a peur de blesser son vis-à-vis, parce que le deuxième cliché ne correspond PAS à la vérité: 

  

Venons-en au deuxième point : souvent les NT disent que les Asperger n’ont pas d’empathie.

C’est TOTALEMENT faux, d’après mon expérience, en prenant le même petit échantillon de personnes que je connais depuis des années.

Tout au contraire, les trois ont bien plus d’empathie que le commun des mortels ! La manifestation en est simplement différente.

Il faut toutefois bien distinguer l’empathie et la capacité théorique de se mettre à la place de l’autre dans une situation qui peut se présenter mais n’est pas encore arrivée !! Une projection, si on veut. Et là encore il faut distinguer par âge et  expérience.

Leur capacité de se mettre à la place de l’autre au niveau « théorique » (dans une situation qui n’est pas encore arrivée) peut parfois ne pas être au point…. Ils ont effectivement souvent du mal à imaginer ce que ressentirait l’autre si jamais telle chose lui arrivait – la conséquence est justement le fait qu’ils sont TRES DIRECT dans ce qu’ils ont à dire, ils n’imaginent pas ce que la personne en face d’eux ressentira. Ils imaginent que la personne sera bien contente de connaître la vérité (p.ex. « oui, tu as vraiment pris un coup de vieux » - non, cela ne fait pas plaisir à entendre même si c’est la vérité).

MAIS cette capacité peut se développer par simple expérience, puisque l’Asperger est très sensible à ce que ressent son vis-à-vis dans la vraie vie, il reconnaît (comme toujours) facilement ses propres erreurs et souhaite les corriger, et ainsi, au fur et à mesure il peut être trop prudent dans son approche de peur de blesser quelqu’un en disant ce qu’il souhaite lui dire.

Ainsi, dans mon échantillon d’adultes, nous avons deux hommes.

L’un se fiche royalement de ce ressent celui qu’il a en face lorsqu’il lui dit la vérité. Il ne souhaite pas blesser, mais la vérité est plus importante que le reste.Il pense du coup que c'est la même chose pour tous les autres. 

L’autre par contre prendra trop de gants, parce qu’il semble avoir fait l’expérience de réactions qu’il ne souhaitait pas provoquer. Il adoucira tout ce qu’il dit avec un « mais je sais que tu ne voulais pas faire ça, juste ce n’était pas bien ce que tu as fait mais je suis certain que ce n'était pas ton intention de…. »  ou encore « ta coiffure ne me plait pas trop, mais qu’est-ce qu’elle te fait ressortir tes yeux » ou encore « la lumière de cet ascenseur n’est vraiment pas avantageuse, nous avons tous l’air de vieux ».

Revenons-en à l’empathie directe, le fait de se mettre à la place de l’autre, ressentir ce qu’il ressent, même absorber les sentiments de l’autre. Je ne suis même pas certaine que le terme « empathie » soit adapté. Le fait de ressentir ce que ressent l’autre, de comprendre, de vouloir lui éviter la peine - c’est de cela que je parle ici. Parfois cela va jusqu'à absorber les émotions de l'autre. Ici, dans ce sens là, l’Asperger est bien plus empathique que les NT en général.

Il ne réagira peut-être pas immédiatement, ou encore de façon erronée (surtout chez l’enfant les réactions sont souvent totalement inadaptées, il peut rire quand quelqu’un se blesse p.ex.), peut-être la situation devra d’abord être gérée dans son for intérieur, mais le fait est que la réaction de l’Asperger est souvent plus violente. Parfois peu adaptée, parfois tardive, mais intérieurement il subira un tremblement de terre alors que les NT ne ressentent qu’un leger frisson.

Toutes les émotions sont démultipliées chez les Aspergers de ma connaissance, et je lis souvent que les autres se battent avec la même difficulté. Cela semble donc être quelque chose de « commun ». Chez l'enfant comme chez mon fils cela et difficile à maîtriser et à contrôler, puisque nous ne pouvons qu'aider de l'extérieur.

Un ressenti est plus fort. Plus violent. Et les moyens de combattre ce ressenti ne sont pas nécessairement suffisants puisque c'est justement ici qu'il y a un "manque". L'autoprotection fait défaut.

Chez mon fils en particulier j’ai noté qu’un des plus grands problèmes est celui de gérer ses émotions, souvent trop fortes sans véritable raison. Une joie simple chez nous est chez lui quelque chose d’immense, et même en étant une émotion positive cela peut dégénerer en crise.

De même une petite peine est chez lui une tristesse immense – et tout son corps réagit, c’est quasiment physiologique.

Donc, nous travaillons énormément sur la gestion des émotions. Au quotidien. Tout le temps. Ce n’est pas simple.

J’ai aussi noté que toute inquiétude de ma part se voit chez lui – je me vois donc moi-même, et là encore c’est difficile. Je dois donc ME maîtriser, maîtriser beaucoup d’émotions chez moi pour ne pas les lui imposer. Pas simple non plus.

Bref, mon petit échantillon confirme donc apparemment ce que disent la plupart des sites d'Asperger : l'Asperger est PLUS empathique que les NT, et non pas moins. 

Attention toutefois, ne confondons en aucun cas « hypersensibilité » ou encore une « hyperémotivité » avec tout cela, cela n’a strictement aucun lien - évidemment, ce sont là deux concepts totalement différents ;-) 

 

Voilà voilà, c’est tout pour aujourd’hui.

 

 Ahhhh mon fils, plus précisément ? Et bien il commence à gérer ses émotions. Mais je crains qu’il n’apprendra jamais à mentir……

 

Petit PS: L'image de cet article est simplement une image d'illustration trouvée sur internet. Il ne s'agit PAS d'enfants atteints d'Asperger (du moins à ma connaissance) mais simplement de deux copains ou deux garçons qui font semblant de l'être pour une photo ;-)  Ce n'est que cela, une image d'illustration 

 

 

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28 juin 2016

La Reine des Neiges - ou comment expliquer le SA aux enfants NT

elsa_

 

La Reine des Neiges

  

Encore une fois, c’est mon fils qui a trouvé LE moyen qui nous permettra désormais de décrire le Syndrome d’Asperger, ou plus globalement les troubles du spectre autistique, aux enfants neurotypiques.

Mon fils est désormais un préadolescent, avec tous les – premiers – problèmes que cela entraîne, globalement les mêmes que quelqu’un d’autre, sauf qu’il est évidemment plus sensible à certaines choses. Il a notamment des moments de colère qu’il contrôle mal, qui le font réagir violemment et prononcer des mots agressifs sur un ton agressif (je précise qu’il n’est jamais, jamais physiquement agressif, il s’agit d’une apparence). Je lui ai demandé d’où cela vient, si cela vient de ses pensées ou de ses sensations, de sa poitrine. Il a dit que cela lui montait du ventre, par la poitrine et qu’il ne savait pas ce que c’était.

Nous avons discuté, je lui ai dit que c’était quelque chose de normal, que tous les adolescents ont des réactions plus ou moins fortes, que c ‘étaient des hormones et le fait qu’il grandissait. Mais qu’il réagissait plus violemment, qu’il perdait contrôle. Ce qui est logique – puisque déjà en temps normal il est contraint de garder constamment « le contrôle » sur ses émotions, du coup il « explose » plus facilement.

Nous avons travaillé sa maîtrise. En quelques semaines, il a fait des progrès tellement énormes que c’est absolument admirable. Un Yogi pourrait le prendre en exemple ! Il a quasiment retrouvé une sérénité constante, cela ne lui prend plus qu’une minute pour se calmer et contrôler quand cela le prend.

 

Alors, pour en  revenir à ce que je disais au début, nous en sommes venus à discuter de sa différence, du fait que son cerveau fonctionne plus vite, qu’il a plus de pensées, qu’il pense à l’avance à un milliard de choses auxquels les NT ne pensent, en fait, tout simplement pas, ils attendent de voir venir (p.ex. en allant au restaurant, il va se demander comment y aller, où s’asseoir, ce qu’il va exactement manger, comment et quand le commander, comment et dans quel ordre manger ….. au lieu d’y aller et de voir venir).

Je lui disais donc qu’il sera nécessaire, toujours et encore, de maintenir un suivi psychologique.

Il faut que je lui explique le « pourquoi » parce qu’il déteste cela. Il n’aime pas être différent.

Alors je lui ai exposé que c’était pour l’aider, pour reprendre le contrôle. Pour arrêter ses pensées quand nécessaire – et les diriger de façon plus constructif. Qu’il devait voir cela comme une sorte de super-pouvoir (sans que cela n’en soit un) qui doit être contrôlé.

 

Alors il me sort : Comme la Reine des Neiges.

 

Et oui.

 

En fait, c’est EXACTEMENT CELA !!

 

Pensez-y un peu ainsi : ces pensées plus nombreuses et rapides, c’est un « pouvoir » comme celui d’Elsa, qui a, elle, le pouvoir de créer de la glace et de la neige par le simple toucher.

 

Observez les parallèles avec un petit Asperger :

Quand la petite Elsa est jeune, elle a encore un « petit » pouvoir qu’elle contrôle un peu, elle joue avec…. puis blesse sa petite sœur par mégarde parce qu’elle ne maîtrise pas tout. Ses parents lui demandent alors de cacher ses pouvoirs, de ne plus s’en servir – et meurent avant de changer cette situation.

Ainsi, la jeune fille grandit sans jamais se servir de ces pouvoirs, sans apprendre à les diriger, à les maitriser. Elle demeure cloitrée dans sa chambre dans son palais, loin même de sa propre sœur.

Vous commencez à voir où je veux en venir ? Les pensées des Asperger, l’isolation, le manque de contrôle sans aide…. et les dangers lorsqu’on les laisse seuls…

Bref, continuons.

Arrive alors le jour du couronnement de la reine Elsa. Sa sœur Anna  tombe amoureuse et annonce à sa sœur qu’elle va se marier avec un homme qu’elle vient de rencontrer.

Cette émotion est trop et Elsa perd contrôle….. ses pouvoirs échappent à sa maîtrise et tout le royaume se retrouve sous une glace éternelle, paralysée par le froid, condamné…                                                                                                                    

Elsa n’en sait rien, elle s’est enfuit, pensant bien agir. Elle ne voit rien de ce qui se passe autour d'elle.... elle s'enferme dans son palais de glace (oui, vous voyez les parallèles!!)  

Je passe la suite, on en arrive à la grande finale, tout est dramatique, glacé, le « méchant » tente de tuer la reine Elsa pour lui dérober sa couronne, la Reine des neiges, épuisée, accepte son sort….. mais sa petite sœur Anna non, elle se sacrifie pour sauver sa sœur. Olaf, fidèle ami et bonhomme de neige sympathique, expliquera la situation à la reine : l’amour. L’amour oui…

Bref, grâce à ses amis la reine apprend à contrôler ses pouvoirs – et le Royaume va prospérer dans le plus grand bonheur de tous.

 

Elle a maîtrisé son pouvoir, qu’elle pensait seulement destructeur, pour en faire quelque chose de très bien et plus que positif pour tout le monde.

 

Ainsi le « pouvoir » des Asperger peut être utilisé de façon destructrice (pour les isoler des NT, les rendre anxieux, terrifiés, « bizarres », exclus) et de façon « constructive », pour faire quelque chose de positif (ils peuvent devenir des « génies » ou simplement être heureux).

 

Il suffit d’aller voir la personne qui aidera l’Asperger à apprendre la maîtrise de son « pouvoir »…. et cette personne, c’est l’entourage, la famille, mais aussi les psychologues ou psychiatres (pardon, je n’arrive jamais à savoir qui est qui).

  

Alors, d’un coup deux pierres :

 

1)   j’ai pu expliquer à mon fils POURQUOI il avait besoin de soutien extérieur

2)   j’ai trouvé le parfait moyen d’expliquer à des enfants NT ce qu’est le Syndorme d'Asperger !! Un genre de ‘pouvoir’ qu’il faut apprendre à contrôler. Tant que ce n’est pas fait, il y a ‘danger’ ou ‘comportement parfois très bizarre’,  l’Asperger se cache, s’isole. Dès qu’il est maîtrisé, c’est un ami fidèle et fort, qui apporte de la joie, du bonheur et nous rend le sourire, même s’il restera différent !

 

Qu’est-ce que vous en pensez ???

 

17 avril 2016

La feuille de menthe...

 

 

glace menthe

« La feuille de menthe, on l’a ajoutée pour faire joli »

 

Ce week-end, nous sommes allés au restaurant, les grands-parents de mon Aspie, son petit frère et moi-même. Le petit frère était fatigant (ce qui est rare, d’habitude c’est un ange), mon  grand était assez cool, bien qu’agacé par son petit frère qui n’arrêtait pas de grimper sur lui.

 

La serveuse vient, prend commande, mon grand s’exprime comme d’habitude avec une grande précision, n’oubliant aucune formule de politesse.

La serveuse revient et s’adresse à lui avec son prénom. Il est ravi et nous - surpris !

Nous terminons notre repas, arrive le moment du dessert, le grand commande encore une fois avec sa précision à lui « de la glace au citron, deux boules s’il-vous-plaît Madame ». Elle le remercie, encore avec son nom et lui dit qu’il est mignon.

Il est, encore une fois, ravi et me demande trois fois si c'est bien de lui qu'elle parlait.

Elle revient avec les glaces dont celle au citron, décorée des inévitables biscuits (que personne n’aime), d’un quart de fraise et d’une petite feuille de menthe.

Avant de la poser devant lui, elle lui précise « la feuille de menthe et la fraise, on les a ajoutés pour faire joli, tu peux tout enlever si tu n’aimes pas ça. C’est de la décoration ».

Elle lui sourit et s’en va.

Là, j’en suis convaincue définitivement, elle a compris qui et quoi est mon grand garçon. Aucun doute possible. 

J'enlève prestement les décorations puisque effectivement, il n’aime pas ça. Il aime ses glaces sans rien, ni déco, ni biscuit, ni rien et je prends la décision de remercier la serveuse à la sortie de son attitude incroyablement intuitive.

Mais encore une fois elle m’étonne positivement et prend les devants.

« Excusez-moi de vous le demander, mais il a quelle particularité exactement, votre fils ? Je suis éducatrice, j’aide juste ce soir ici, je travaille avec les petits, et je suis intriguée ».

« Il est Asperger ».

Mon fils, bien évidemment, demande « pourquoi, j’ai quoi ? »

Elle se penche et lui dit avec un sourire « tu sais, je m’occupe des enfants, et parfois il y a des enfants auxquels je m’attache particulièrement, et c’est pour ça que j’ai demandé à ta mère ».

Encore une fois, il est ravi.  La serveuse avait « une bonne impression » de lui, le trouvait « mignon » et aurait pu « s’attacher particulièrement » à lui.

Que des appréciations  positives.

Et elle l’a prise au sérieux.

Mon fils était radieux.

 

Et moi, bien évidemment, j’ai remercié la serveuse, j’ai également dit qu’elle avait raison d’avoir demandé quand elle semblait un peu gênée, qu’au contraire, qu’il fallait absolument poser la question. Je lui ai dit qu'elle avait dit précisément ce qu'il fallait dire pour mettre mon fils à l'aise, que c'en était impressionnant.

Nous sommes sortis du restaurant heureux de savoir que des gens comme cela existent. Surtout des gens dans l’enseignement.

Parce que cela est assez rare – malgré tout ce que l’on dit. J’ai souvent eu de la chance avec les instituteurs de mon fils. Mais je suis aussi mal tombée (je me souviens de sa deuxième AVSi, quand il était encore à la maternelle, une fille qui avait un master en psychologie…. rarement en 11 ans je n’ai rencontrée quelqu’un d’aussi con - veuillez pardonner le langage, mais c’est vrai, les études ne rendent pas les gens intelligents, elle a même réussi à se disputer avec le père de mon fils ce qui est quasiment impossible puisque c’est un homme calme et posé, plein d’humour, mais ceci est une autre histoire)

 Pour en revenir à cette femme, elle n’était non seulement dans la profession qui lui convient, dans laquelle elle va exceller grâce à sa sensibilité, elle est également capable d’être intuitive et d’avoir les parfaites réactions, adaptées à la personne devant elle. Un don rare.

Lui parler directement, s’adresser à lui avec son prénom. Lui signaler que les décorations, ce n’est rien d’autre que ça, qu’on peut l’enlever, sans qu’il n’ait à le dire ou moi à le faire.

Me poser la question.

Un exemple à suivre.

Merci encore à cette femme qui ne lira certainement jamais ces lignes (d’autant plus que cela s’est passé en Allemagne).

Elle pourra changer beaucoup de choses avec sa sensibilité et sa bonté.

Si tout le monde était comme elle, les Aspergers pourraient s’intégrer sans le moindre souci dans la société, puisque leurs particularités seraient tolérées et acceptées, tout simplement.

 

Cela me donne de l’espoir : c’est possible !

 

 

31 mars 2016

LE 2 AVRIL C'EST LA JOURNÉE BLEUE, la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme

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Bonjour à tous!

N'oubliez pas le 2 avril, ce sera  la journée mondiale de sensibilisation à l'autisme.  

Ce jour là nous serons tous en BLEU, les jeunes Padawans comme les belles reines!!

 

IL NE FAUT PAS BEAUCOUP POUR QUE LA VIE DE TOUS CEUX QUI SONT SUR LE SPECTRE AUTISTIQUE S'AMELIORE.

ILS NE SOUFFRENT PAS DE L'AUTISME MAIS DU REGARD DES AUTRES SUR L'AUTISME.

ALORS, CHANGEONS TOUS ENSEMBLE CE REGARD.

 

Ce jour là, comme d'ailleurs tout le mois d'avril (mois de l'autisme), n'hésitez pas à en parler, de votre cas, de l'autisme, du spectre autistique!

Sensibilisez vos amis, vos voisins, les connaissances et même (voire surtout) les inconnus.

 

Et si vous êtes confronté à une quelconque situation de "différence", ne détournez pas le regard, ne jugez pas mais:

POSEZ DES QUESTIONS!

OFFREZ UN SOURIRE! 

 

 

MERCI  POUR VOTRE SOUTIEN

 

 

18 mars 2016

Je me vois - comment tu me vois ? Un moment de prise de conscience ?

 

 

 

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Je me vois – comment tu me vois ?

  

Une nouvelle étape ?

Un moment de prise de conscience ?

Ou, justement, les deux ?

 

Ces derniers temps, mon fils, qui est désormais un pré-ado de 11 ans, était plus « fragile », pas tant avec moi qu’avec son père et même son éducateur – des hommes, une autorité un peu « différente » probablement.

 

Le fait est qu’il pouvait rendre les deux dingues par des phrases idiotes répétées en  boucle –  des phrases répétées non pas par nécessité mais par bêtise, cela ne ressemblait pas à un rituel, un besoin mais à une « connerie », avec des mimiques d’adolescent . D’ailleurs, il l’admettait lui-même, que ce n’était pas un « besoin » mais juste une « envie » – et  il ne le faisait jamais chez moi, un problème que je n’ai pas vécu (ouf !!).

 

On s’interrogeait, est-ce que ce sont les hormones de pré-ado qui l’agitent ? Est-ce que son Asperger le troublait encore plus ces derniers temps ?

Avec son père nous avons alors pris la décision de consulter un neuropsychiatre, on nous avait conseillé de le faire et nous tentons toujours tout, cela ne peut pas faire de mal. Pensions-nous.

Car depuis le début, nous avons toujours tout tenté, nous avons consulté, nous n’avons écarté aucune piste, aucun conseil, aucune méthode, puis nous avons choisi ce qui nous semblait le plus approprié pour notre garçon.  Et je pense que c’est ce qu’il fallait faire et ce qu’il faut faire, puisque le résultat est plus qu’encourageant !

 

Mais revenons-en à mon histoire de rendez-vous chez le neuropsy ; bien évidemment, nous lui en avons parlé auparavant, nous lui avons expliqué ce que l’on explique dans ces cas là puis nous y sommes allés.

 

Ca ne s’est pas « mal » passé, absolument pas, mais notre fils était particulièrement tendu, vraiment, il avait une façon de parler qui traduisait une tension intérieure qui faisait peine à voir. Il se bloquait physiquement, tellement il était tendu intérieurement. Toutefois sans que ce soit gênant pour son entourage, il n’y a que lui qui avait un réel souci. Puis il a choisi de sortir nous attendre dans la salle d’attente, mais là encore il pouvait nous entendre et  c’était dur. Pour lui comme pour nous.

 

En sortant du cabinet, il était en pleurs.

Pourtant, la neuropsychiatre nous a dit que tout ce qu’elle avait à proposer dans son cas, c’était des groupes de paroles (ce qu’il a déjà dans son emploi du temps), puisque justement il est très « ouvert » et très « verbal ».

Mais rien n’y faisait. Il était en pleurs, mal tout le week-end qu’il a fini avec son père.

Et il n’a toujours pas pu exprimer par des mots ce qui le préoccupe. Tout son corps reste encore sous tension, même sa démarche semble plus raide.

 

Après avoir fait plusieurs tentatives de discussions avec lui, il semblerait que ce soit le fait d’être « différent » qui lui devienne insupportable, de devoir consulter des « psy » (que ce soit –chiatres ou –chologues). Il ne supporte plus ce côté « médical », ce côté « problème différent des autres ».

 

Je l’ai pris à part alors et je lui ai dit que désormais j’allais considérer que tout ce qu’il faisait venait de ses hormones de pré-adolescent, mais qu’il devait alors réagir comme tel.

Cela fait longtemps que je le prépare (lui et moi, en fait) à l’adolescence, je lui avait même dit allait traverser une phase d’adolescence « bête », que souvent les garçons deviennent réellement « idiots » à cette période de leur vie (il ne m’a pas cru).

Quand je lui ai rappelé ces discussions, il était ravi et soulagé, il a trouvé de la normalité dans ses soucis (bien que nous savons tous qu’il y a bien plus), il a mis un mot dessus qui était « normal ».

 

Je sens qu’il ne veut plus être qui il est . Il ne supporte plus sa « différence ».

Il souhaite toujours être seul, mais être « différent », non.

Même si ce n’est pas ce qu’il est, je vais tenter de faire en sorte qu’il se sente « exactement pareil ».

 

Voir son fils en pleurs alors que tout ce que l’on veut c’est l’aider, c’est dur.

 

Toutefois, il est bien possible que cela a pu déclencher quelque chose – les mois à venir nous le diront – cela a pu déclencher une nouvelle évolution. C’est souvent le cas.

 

Ainsi je me souviens très bien comment il est sorti de l’hôpital de jour : il y allait volontiers à mi-temps. Jusqu’au jour où il a compris que ce n’était pas « au choix », qu’il y allait parce qu’il était « différent », qu’il pouvait continuer à y aller même plus grand, que ce n’était pas à lui de décider quand il allait en sortir…. En un mois il a tellement changé que l’hôpital de jour nous avait convoqué pour mettre en place sa sortie de la structure, en nous disant qu’ils ne pouvait plus lui apporter de quoi avancer, qu’il avait besoin désormais d’entrer dans un cycle normal (qui prendrait toutefois en charge sa déficience visuelle !!).

C’était un déclic, à cette époque.

 

J’espère que là, ce rendez-vous de la semaine dernière qui lui a fait tellement de peine, c’était un autre déclic tout aussi positif.

 

Je vous tiendrai au courant.

 

Le fait est que je suis très affectée de l’avoir attristé malgré moi, son père et moi sommes vraiment chagrinés, mais nous pensions bien faire. Mais nous aussi nous devonsapprendre.

 

Il grandit.Il mûrit. Et là, l’adolescence lui tend les bras…. J’ai peur, mais je pense que c’est aussi une opportunité de changer les choses.

 

Parce que le garçon qui se cache sous toutes ses peurs et angoisses, ces inquiétudes et rituels, c’est le garçon le plus extraordinaire qu’on puisse imaginer : drôle, intelligent, gentil, avec un cœur d’une immense de bonté, altruiste comme je n’en ai jamais vu d’autres, humble, courageux, fort.

Je l’ai déjà aperçu, ce garçon, dans des moments de besoin, quand j’étais en difficulté. Il devient alors un autre, un véritable homme qui prend en charge.

Seulement, le reste du temps c’est mon petit garçon que le poids des inquiétudes et des pensées qui s’agitent dans sa tête écrasent.

 

J’espère que là, nous nous sommes débarrassés d’un petit peu de ce poids… on verra.

 

Quoi qu’il arrive, je serai auprès de lui.

 

A bientôt !!

 

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2 mars 2016

20 choses apprises depuis que mon fils a été diagnostiqué

Voici une ‘liste de choses apprises depuis que mon enfant a été diagnostiqué autiste’ qui circule sur internet - vous l'avez peut-être déjà vue ou lue - que je tiens à publier parce qu'elle est tellement juste!

Si je n’en suis pas l’auteur j’aurais pu l’être, j’y souscris à cent pour cent !

 

20 choses que j’ai apprises depuis que mon fils a été diagnostiqué autiste

- par Shawna Wingert (voir lien vers l’article original ci-dessous)

 

1)   Le manque de sommeil fait tout paraître pire que ça ne l’est

2)   Une personne peut véritablement parler sans interruption pendant quatre heures de serpents, aquariums ou chats. Croyez-moi.

3)   Les gens peuvent être vraiment, vraiment méchants.

4)   Les gens peuvent être vraiment, vraiment gentils.

5)   Juste quand je pense que je ne tiendrai pas un jour de plus, mon fils fait quelque chose de si extraordinaire que ça change complètement mes perspectives

6)   Parfois les médecins savent exactement ce dont nous avons besoin. Parfois ce n’est pas le cas. Dans tous les cas, n’allez que chez un médecin qui vous voit comme un partenaire d’importance dans la vie de votre enfant et de ses progrès

7)   Les aptitudes de mon fils sont bien plus impressionnantes que je ne le pensais possible. J’ai été étonnée plus de fois que je ne peux le compter. Comme quand j’ai réalisé qu’il avait appris, sans même vraiment l’essayer, tous les noms scientifiques pour chaque poisson dans un aquarium et de chacune des plantes dans les jardins. C’est comme avoir un petit aperçu sur quelque chose de sacré, quelque chose qui me dépasse complètement.

8)   Il y a une raison pour son comportement. Il y a toujours une raison pour son comportement – et cette raison n’a jamais, même pas une fois, été de m’ennuyer.

9)   Les vocalises, c’est un vrai truc. Je ne le savais pas.

10)                   Les fixations ont un sens. Ils sont un moyen important pour nos enfants de se connecter avec le monde. Et nos enfants sont souvent incroyablement intelligents grâce à elles.

11)                  L’essentiel de mon chagrin est le mien, pas celui de mon fils. Abandonner toutes les attentes que j’ai comme sa mère est l’une des choses les plus difficiles dans tout cela. Mon fils ne partage pas ces attentes – même pas un petit peu. Ce qui fait que le problème, c’est le plus souvent moi-même. Pas lui.

12)                   Choisissez vos combats. Je vais le redire. Choisissez. Vos. Combats.  Je m’efforce de travailler une chose à la fois jusqu’à ce que ce soit devenu une habitude et puis de passer à la  prochaine. Essayer de faire tout en même temps n’aide personne et ne fait que stresser chacun des habitants de votre maison.

13)                  En tant qu’élève de mon enfant j’ai pu apprendre plus que par un livre, un thérapeute ou un site web. Les différences du fonctionnement cérébral sont vraiment difficiles à comprendre pour une maman neurotypique. Plus je fais attention à la manière dont mon fils pense et répond, plus je commence à comprendre.

14)                  L’autisme rend la vie parfois étrange. Je me suis, par exemple, retrouvé chaque jour de la semaine dernière dans un magasin d’aquariums. Chaque jour, pour au moins une heure. Cela semble être un moyen étrange de passer son temps, mais c’est nous, en train de vivre bien notre vie.

15)                   Vous allez découvrir les trucs uniques qui fonctionnent pour votre enfant. Des draps en lycra marchent pour le mien. Un endroit calme avec beaucoup de couvertures dans un placard marche pour une autre petite fille que je connais. Vous allez trouver les choses qui aident, même s’il vous semble d’abord que rien ne le peut.

16)                   Vous n’aller jamais avoir l’impression de le faire exactement comme il faut.

17)                  Vous allez avoir des jours où tout paraîtra totalement naturel.

18)                  D’autres mamans sont comme une gorgée d’eau fraiche. Trouvez-lez, dans la vie réelle ou virtuellement. Posez-leur des questions. Laissez-les vous rassurer sur le fait que vous n’êtes pas la seule.

19)                  Vos prières seront toujours exaucées. Peut-être pas de la façon que vous pensiez, mais il y sera toujours répondu.

20)                  Ce que vous ressentez quand vous entendez le mot « autisme » prononcé en relation avec votre bébé est terrible. Mais vous avez appris qu’il y a du bien et du mal, de la beauté et de la laideur, de la joie et du chaos – tout cela dans un unique tout petit mot. Si vous avez appris une chose, c’est de faire la paix avec cela. Mon fils ne serait pas mon fils sans cela. Et j’aime mon fils. Exactement comme il est – y compris ce petit mot qui a totalement changé nos vies.

 

 

Cette « liste », que je me suis permise de traduire librement, a été rédigée (en anglais) et publiée par Shawna Wingert sur son blog : http://www.huffingtonpost.com/shawna-wingert/things-i-have-learned-since-my-son-was-diagnosed-with-autism_b_7691824.html

 

 

14 septembre 2015

Petite "carte postale" - bref, petit message pour vous dire que tout va bien

IMG_5417 Voilà voilà, je voulais juste vous donner quelques nouvelles!!

 

Nous avons passé de bonnes vacances, et j'ai découvert que mon fils est capable de bien plus que ce que je pensais.

Alors, non seulement avons-nous fait du parachute ascensionnel ensemble, mais encore a-t-il réussi à faire de l'accorbranche, les parcours adaptés à son âge, et il n'était pas le plus lent. J'étais vraiment un frein pour lui, avec ma peur de maman-qui-sousestime-son-fils, vraiment, j'ai appris beaucoup sur moi-même aussi!

Je suis très fière de lui. D'autant plus qu'il ne faut pas oublier qu'il est très fortement déficient visuel.

Lors de ces vacances il s'est montré plus déténdu et plus mature, il manifeste désormais l'envie de la normalité. Je l'ai vu interagir presque normalement avec d'autres - à de rares occasions, je l'admets - mais tout de même.

Pas de soucis pour la rentrée non plus même si certaines matières sont à reprendre (ce qui est surtotu lié à sa vue). Dans d'autres matières il avance sans problème - surtout dans les matières dans lesquelles il est intégrée dans une classe "standard" (il est dans une école pour déficients visuels).

Maintenant je vais tenter de le pousser un peu plus vers l'autonomie. Et espérer que sa vue reste stable.

 

Voilà, je voulais juste vous laisser ce petit message. 

 

A très bientôt!

PS: c'est lui, sur l'image, en hauteur là, entre les arbres 

 

16 juin 2015

Les stratégies de compensation, indispensables outils dans ce monde de NT

 

Capture d’écran 2015-06-16 à 10

 

Les stratégies de compensations, une clé dans la vie

  

Aujourd’hui je vais m’appuyer un peu sur une réflexion intéressante de la part d'Alis Rowe, une jeune Asperger qui reçoit récompense sur récompense pour son travail, qui permet  aux Asperger de comprendre le monde NT et aux NT de comprendre le monde Asperger puis d’interagir (the Girl with the Curly Hair). Il s’agit d’une réflexion avec laquelle je suis ENTIEREMENT d'accord:

 

Sur son blog, elle écrit ceci (voir photo d’illustration) :

"Il est reconnu internationalement que l'expression "haut potentiel" se réfère à une personne avec autisme dont le QI est égal ou supérieur à 70. Je suis d'accord avec cette description mais j'ai également une autre façon d'envisager cela. Je dirais ceci: il y a tout un processus que toute personne autistique doit suivre avant de devenir "haut potentiel". Ce processus est celui de trouver, puis de construire des stratégies de compensation à travers un long laps de temps. Une fois que la personne a développé ces stratégies d'adaptation, c'est le fait de les maintenir qui lui permettra d'évoluer au sein du monde neurotypique"

 

Je pense qu'effectivement, en vieillissant et en travaillant activement sur ses compétences sociales, une personne du spectre autistique et notamment Asperger peut paraître neurotypique, avec un comportement en apparence "normal", et même évoluer avec plaisir dans le monde des NT.

 

De mon côté, à travers mon expérience personnelle, j'ai constaté que le fait de travailler avec mon fils, de lui apprendre le monde "NT", de lui expliquer ce qui se passe et comment il faudrait réagir pour que ce soit "socialement acceptable" ou "socialement plus simple", m'a aidée moi-même au point qu'aujourd'hui je pense que mon Asperger n'est plus aussi facile à décerner.

Ceux qui me connaissent s'aperçoivent de mes particularités, évidemment, ils me côtoient trop souvent pour ne pas s’en apercevoir.

Mais aujourd’hui, même dans une soirée avec des inconnus, je sais faire illusion, je sais faire du "small talk", du papotage.

J'aurais par moments des réactions surprenantes (ne me mettez surtout pas en retard sur mon planning, sinon c'est la panique!), mais globalement je paraîs "normale".

Bien plus, je commence à y prendre plaisir et à rechercher ce genre de situations. Je pense que c’est comme un jeu de rôle, on y prend gout. Parfois j’ai du mal à entrer dans mon personnage et je serai alors plus silencieuse et effacée, mais quand j’y parviens, je parais même extravertie.

Ce qui explique déjà ma différence de comportement d’un jour à l’autre ….

MAIS ….

 ….. ce n'est pas pour autant que cela est simple, je vois que cela m'épuise et me demande de l'énergie, avant et après l’événement, et je sais qu'un petit imprévu peu me faire basculer et je peux faire une réelle crise.

Avec le temps j'ai appris à me créer mes stratégies de compensation, je me suis adaptée. Mais cela reste un "jeu de rôle", une stratégie.

 Si une partie de cette évolution était naturelle et vient avec la maturité et l’expérience, il n’en reste pas moins que l'essentiel du travail était "actif" et que le grand « bond » dans mon évolution, je le fait, comme je viens de le dire, en travaillant avec mon fils, puisque j’ai adopté les stratégies de compensation que je lui conseillais …. 

Ce qui me ramène à ce que disais Alis Rowe : il faut d’abord TROUVER, le problème et la stratégie de compensation, puis élaborer la meilleure façon de s’en servir, avant de MAINTENIR tout cela.

Et c’est un processus par moments épuisant et actif.

Donc, aidez vos amis du spectre autistique, expliquez-leur, soyez patients. Cela vaut la peine. 

Surtout, si votre enfant est concerné, aidez-le à élaborer ces stratégies. Il aura les siens, vous ne pouvez pas lui imposez les vôtres, mais aidez-le. Il y parviendra parfaitement et qui sais, peut-êtr l’élève dépassera-t-il le maître ? Dans mon cas, je l’espère VRAIMENT !

 

 

(voici le lien vers le blog de "The Curly Hair": http://thegirlwiththecurlyhair.co.uk) 

26 mai 2015

Mon fils, ce guerrier

 

Mon fils, ce guerrier!

 

Tous les jours, à chaque instant, il se bat.

Contre les sensations qui l’assaillent.

Contre les émotions qui l’écrasent.

Contre les bruits qui l’étouffent.

Contre les odeurs qui l’assomment.

Contre les pensées qui jaillissent à chaque instant de son cerveau si actif.

Contre les regards des gens.

Il se bat pour respecter les règles de cette majorité, des règles qui lui semblent si peu logiques.

Il se bat pour offrir à tous ce sourire et ces réactions qu’on attend de lui.

Malgré les regards – qu’il voit et qu’il sent.

Malgré les chuchotements – qu’il entend et qu’il comprend.

Il doit accepter d’être plus fort sans jamais le montrer.

Il doit accepter d’être plus vif d’esprit sans jamais le montrer.

Il doit ralentir pour que les autres le dépassent.

Il doit rester calme quand il a envie de crier.

Tout cela pour simplement pouvoir évoluer au sein de notre société.

 

ET IL Y PARVIENT - à dix ans.

C’est un battant, un guerrier.

 

Puis il doit se battre contre la vue qu’il n’a pas.

Contre ce noir qui le menace.

Contre ces contours qu’il doit distinguer.

Contre ces distances qu’il ne peut mesurer.

Il doit se battre contre ces mots dont il ne voit que la moitié mais qu’il doit pourtant lire.

Il doit accepter de ne pas pouvoir faire ce que font les autres enfants de son âge.

Pas de vélo pour lui, il n’y voit pas suffisamment.

La course à pied ne sera jamais son fort, il ne peut voir tous les trous dans le bitume.

Le ski est exclu pour un enfant qui ne peut voir le dénivelé.

Les autres seront toujours plus rapides.

Les autres sauteront toujours plus haut.

 

ET IL Y PARVIENT, à dix ans.

C’est plus qu’un battant, plus qu’un guerrier.

 

Mon garçon, tu es un homme au mental d’acier, alors que tes épaules sont si frêles.

 

J’entends ces gens se plaindre de leurs petits maux.

Et je te regarde. Jamais un mot. Jamais plus qu’une larme qui coule mais que tu sèches immédiatement.

Tu gardes l’envie au fond de ton cœur, il n’y a que moi qui vois ce visage se crisper un peu lorsque tu ne peux faire ce que font les autres.

Tu es la personne la plus forte que je n’ai jamais rencontrée.

 

A dix ans tu as vécu plus qu’un homme à quatre-vingt-dix.

 

Et pourtant personne ne la voit, cette force.

 

Ce que je souhaite maintenant, mon fils, c’est que tu t’aperçoives toi-même à quel point tu es extraordinaire.

Fort.

Intelligent.

Vif.

Beau.

Bon.

 

Tu as tellement de talents, mais tu as peur de les montrer aux autres.

Parce que la vie a été trop dure avec toi.

 

Tu es l’enfant que personne n’a jamais invité.

Aujourd’hui c’est toi qui ne souhaites plus être invité. Je te comprends mais je suis triste.

 

Je te souhaite le bonheur.

Je te souhaite de rencontrer cet ami que tu mérites, celui qui te comprendra.

Je te souhaite d’être heureux.

De comprendre à quel point tu es plus fort, plus intelligent. A quel point tu mérites le bonheur.

 

Et saches une chose, mon fils :

 

Tous ceux qui t’ont rencontrés, et à qui tu as permis de voir qui tu es, tu les as changés. Profondément.

 

Tu as fait une meilleure personne de moi.

De ton père.

De tes grands-parents.

De ceux qui ont travaillé avec toi.

De ceux qui t’ont rencontrés et se sont approchés de toi.

De nos amis.

 

Tu as cette capacité unique de toucher non seulement le cœur des gens, mais leur âme.

 

Je te souhaite de porter ce don dans le monde.

 

Non. Je souhaite au monde que tu lui portes ce don.

 

Le monde a besoin de toi, bien plus que toi, tu as besoin du monde.

 

Le monde a besoin de ton intelligence, oui, de tes talents, oui, de ta force, oui.

Mais surtout de ta bonté, ancrée au cœur de ton âme.

Malgré tout ce que tu supportes, tout ce que les gens t’ont fait subir par le passé, toutes les épreuves, tes pensées ne vont qu’à eux, les autres. Ils sont indifférents ? Pas toi. Jamais.

Tu ne te plains pas. Tu rassures les autres.

 

Je suis tellement fière que tu sois mon fils.

Merci.

11 juin 2014

Comment décrire ce qui se passe dans la tête de notre petit Asperger ?

 

 

Endeavour-Shuttle-Cockpit

 

Comment décrire aux Neurotypiques ce qui se passe dans la tête de votre petit Asperger ???

  

Alors, là, c’est toujours la grande question.

Vous ne pouvez pas faire une longe explication, vous pouvez commencer à parler des nombreuses options que votre enfant doit constamment prendre en considération lorsqu’il prend une décision, vous pouvez parler de toutes ces impressions qu’il subit, il entend tellement plus, voit tellement plus … C’est le chaos dans sa tête.

Je crois avoir eu l’idée d’une belle métaphore dont je me sers désormais, parce qu’elle montre ce que vit notre petit Asperger et parce qu’elle permet d’expliquer tout. Une métaphore qui montre ce qui le rend si différent, ce qui peut provoquer les crises, et ce qui peut rendre ses réactions incompréhensibles – mais qui n’oublie pas l’énorme potentiel qui sommeille en lui.

 

Voici ma jolie métaphore, dites-moi ce que vous en pensez :

 

Un enfant NT grandit "normalement". Il vient au monde, on lui apprend à s’asseoir, puis on lui offre un petit trotteur auquel il se tient pour faire ses premiers pas, qu’on applaudit, émerveillés. Puis on lui offre son premier tricycle, sur lequel il s’entraîne avec ardeur, pédalant de plus en plus vite avec ses petites jambes.

Après quelques années, il réclamera un « vélo de grand » ou une trottinette, et  vers l’âge de 5 ans on lui offre alors l’objet convoité afin qu’il apprenne à faire du vélo comme nous.

Fier, il se met à rouler sans les petites roues.

Puis, vers seize ans il réclame le scooter, qu’on lui refuse. Mais on lui propose de l’inscrire au permis, avec la conduite accompagnée, et pendant deux ans on l’initie à la conduite, puis il passe son permis, après des heures passées à s’entraîner.

Le voici un fier conducteur !

Mais notre petit garçon neurotypique veut aller plus loin, il veut peut-être devenir pilote – car nous avons choisi un garçon intelligent afin qu’il puisse tenir la comparaison avec notre Asperger d’amour.

Nous l’avertissons : écoute, tous ne peuvent pas devenir pilote, ce n’est pas simple, il faut faire des études, apprendre à voler, cela prend des années.

Mais il s’accroche, fait des études, accumule des centaines d’heures de vol.

Et ce n’est qu’une fois un vrai adulte, après des études, des explications théoriques et pratiques, des heures d’entraînement, qu’on laissera accéder dans le lieu saint, le cockpit d’un vrai avion. Qu’il pilotera d’abord en tant que copilote, et le chemin est encore loin avant qu’il puisse faire voler un Jet !

Mais il y travaille, c’est son plan de carrière, le but de toute une vie.

 

Prenons maintenant notre petit Asperger:

Il vient de naître, c’est sa première année, le petit Neurotypique n’a pas encore reçu son trotteur.

Le voilà enfermé dans le cockpit d’un immense Jet, avec ses boutons, ses lumières effrayantes, ses bruits violents lorsqu’on a le malheur de toucher à quelque chose, le micro qui parle avec des mots étonnants lorsque la tour de contrôle lance ses avertissements incompréhensibles.

 

Et à côté de lui  tout le monde lui hurle dessus « mais pourquoi tu n’y vas pas, vas-y, mais il est bête ou quoi, qu’est-ce qu’il a cet enfant ».

 

Notre petit Asperger s’acharne en grandissant, alors que notre petit NT s’entraîne avec son trotteur et le tricycle, notre Asperger appuie sur des boutons, et on lui crie encore dessus « mais non, arrête, pourquoi tu ne fais pas comme le petit Gregory, il fait déjà du vélo sans roues, il faut PE-DA-LER »,

Alors notre petit Asperger cherche les pédales, mais il ne voit que des manettes et manivelles, des lumières qui l’aveuglent, et le voilà qui pique de violentes crises.

Il se roule par terre, totalement dépassé.

Personne ne lui apprend à quoi servent les boutons, et il ne sait pas pourquoi il n’y arrive pas, il fait pourtant tellement d’efforts.

 

Il est noyé sous les informations, les bruits, les instructions de la cour de contrôle, il est paniqué par les attentes des parents qui crient « mais l’autre avance » alors que notre Asperger ne parvient pas à faire rouler son avion.

 

Heureusement, la plupart des Asperger est intelligent et fort, mentalement.

Avec le temps, il apprendra à appuyer sur un bouton, à comprendre à quoi il sert, puis sur un autre, puis encore sur un autre, pour observer les interactions.

 

De l’extérieur, ses expériences semblent totalement idiotes, il ne cesse d’ouvrir et de fermer une porte, pourquoi ? Il tente de comprendre l’angle, le fonctionnement. C’est le bouton qu’il doit comprendre. Donc, laissez-le.

Cela paraît bizarre, oui, mais est-ce que vous êtes dans le cockpit du Jet ? Non, vous n’y êtes pas, et lui, il doit faire avec ça ce que font d’autres avec un tricycle !

 

Notre petit Asperger peut se noyer sous toutes les instructions et possibilités et se perdre à tout jamais. Car il ne quittera pas son cockpit. Jamais.

Il peut donc abandonner et s’enfermer dans son monde.

 

Il peut aussi profiter de tout le potentiel qui lui est donné, et comprendre, manette par manette, le fonctionnement de tout cela.

Ainsi, vers 12 ans, il sera peut-être capable de rouler plus vite qu’une Ferrari avec son avion.

S’il continue ainsi, s’il a de la chance, il pourra un jour vraiment décoller, et à ce moment le cockpit et lui ne feront plus qu’un, il sera le meilleur, il connaîtra tout, saura tout de la lumière, de l’air, de la pression de l’air, de l’altitude, naturellement, sans jamais l’apprendre, il sera un génie dans son domaine.

Un NT ne pourra le rattraper qu’après des décennies d’études, et encore, ce n’est pas probable car jamais personne ne pourra être autant imprégné de tout cela que notre petit Asperger.

 

Bien évidemment, l’image n’est que cela, une image, mais je pense que cela donne une idée de ce que c’est : l’Asperger est projeté trop tôt dans trop de pensées, de connaissances, d’impressions, de réflexions, et pour s’y retrouver il n’a personne pour l’aider.

Il faut pourtant l’aider, à rester calme, à y aller pas à pas, mais ne pas l’empêcher de réaliser son potentiel, car s’il a de la chance il volera haut, très haut.

Il sera TOUJOURS différent.

 

Pour aller jouer, par exemple, il faut d’abord qu’il rejoigne les autres, qu’il quitte son cockpit un instant, et donc qu’il apprenne à ouvrir la porte de l’avion, et c’est déjà dur ! Pour jouer avec les copains, il faut apprendre à baisser des manivelles, appuyer sur des boutons, pousser en même temps contre la porte, programmer la fermeture…. Le temps de sortir, les autres enfants peuvent être loin !

 

Tous n’y arriveront pas.

La plupart resteront dans leur avion mais rouleront comme si c’était une voiture, vivant ainsi normalement dans la société en étant un peu à part. Ils seront des adultes responsables, indépendants, compétents, intelligents, étonnants, heureux, je l’espère, mais différents.

 

D’autres n’y parviendront pas et auront toujours besoin d’aide.

 

Certains parviendront au top, ils voleront haut, plus haut que tous les autres.

 

Le potentiel, il y est dès la naissance. Il  peut se réaliser.

C’est ce que je souhaite au mien. Je ne sais pas si cela arrivera mais moi, j’espère qu’il décollera.

 

Toutefois, je serai déjà heureuse s’il pouvait juste rouler normalement, comme une petite Fiat Panda, et trouver le bonheur.

 

 

J’espère que vous avez compris le message que je tente de faire passer par cette petite comparaison qui peut se décliner dans toutes les formes.

 

 

 

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Un fils Asperger
  • Mon fils est atteint du syndrome d'Asperger (ce qu'on appelle - à tort - l'autisme de haut niveau). Certains jours étaient insurmontables - mais nous avons réussis. D'autres étaient rayonnants. Aujourd'hui cela va mieux, et j'espère aider d'autres parents!
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